Ces cadeaux d'amour et de fiançailles sous forme d'ustensiles de travail ont tous la même fonction sociale. Ils sont orientés vers le rôle que doit jouer la femme dans le monde paysan des XVIIIe et XIXe siècles. Ce sont des cadeaux qui fixent les rôles.
Le paon et la colombe
Paon : symbole de l'équinoxe d'Automne
L'homme est fasciné par le ciel, les oiseaux sont ses intermédiaires. Dans l'art iranien, les paons sont des oiseaux célestes.
Dans la tradition chrétienne, le paon symbolise aussi la roue solaire et de ce fait, il est un signe d'immortalité. Sa queue évoque le ciel étoilé. Il s'abreuve aussi parfois dans le Calice eucharistique.
Les colombes tiennent une place importante dans le répertoire des "présents d'amour". Elles prennent place sur maintes traverses d'armoiries et jusque sur les chenets du foyer. La colombe est l'attribut de Vénus, surtout dans les entrelacs de lauriers tressés. A défaut d'armes à blasonner, l'artiste a entrelacé les oiseaux : figures d'âmes amoureuses captives dans un cartouche de style Louis XVI.
Le cerf et l'escargot
Un cerf gourmand symbole de virilité, de fertilité couvre un escargot qui déroule ces deux fascinantes spirales.
Le rite païen de la capture du cerf est assimilé par l'Eglise à la Chasse mystique. La nature même du cerf, dont la ramure rayonnante évoque le soleil, a permis le rapprochement de cet animal avec le Christ lumière du monde. Nul doute que la beauté, la fierté, la virilité, la force solitaire du cerf ont suscité l'admiration et l'affection des ruraux pour cet animal auquel les unissaient tant d'affinités.
Il est avec le cheval et le porc l'un des principaux animaux européens, l'un de ceux auxquels, dès l'origine, fut affectée une valeur symbolique. Le cerf annonce le printemps revenu, le renouveau, il est dispensateur de richesse et de fertilité.
L'escargot : animal prétendu démoniaque, hermaphrodite, ni chair ni poisson est de ce fait permis pendant le Carême. Les spirales qui le symbolisent sont signe de fécondité liées à l'eau et à la lune.
Le serpent (symbole visible d'un univers chthonien)
Entre autres
•serpent d'airain
•serpent d'Esculape
•serpent enroulé
•serpent édénique
•serpent biblique
•serpent pharmacopée : sa chair est l'élément principal composant la thériaque ancestrale
•serpent : bivalence du Bien et du Mal, symbole de régénération, de fécondité, de guérison et en changeant de peau au printemps, il préfigure la résurrection.
Le coq
Le coq n'est cependant pas un animal tabou et on n'hésite pas à le sacrifier lors de la construction d'une maison, à la naissance d'un enfant mâle ou à la fin des moissons (lorsque le blé est ramené triomphalement). Il est choisi pour les cérémonies où une victime est nécessaire pour assurer la protection de la maison par aspersion du sang.
En tant que symbole de la vie familiale, le foyer était par ce sang purifié de toute atteinte maligne. La valeur cathartique du sang va se retrouver sur un aspect ou un autre au long de la construction.
Le coq, symbole de résurrection et de vigilance. Le coq était censé par son chant matinal chasser les démons et les fantômes de la nuit. Il est utilisé comme thème de girouette non seulement sur les clochers d'églises mais sur les maisons d'habitation. Il donne la direction et incarne la docilité au souffle de l'esprit.
Le coq est enfin depuis l'antiquité un symbole de fécondité.
La chouette
La chouette, le hibou, procèdent d'une symbolique négative : la chouette, l'oiseau d'Athènes, reproduit jusque dans les monnaies, si vénéré dans la Grèce antique, s'obstine à préférer les ténèbres à la lumière de l'Evangile.
Le fer à cheval
Le fer à cheval est considéré comme un puissant écran contre les sorts, l'orage, le diable. Toutes les sociétés occidentales connaissent la valeur symbolique de l'entrée en fer à cheval et la dimension sociale quasi religieuse de ce signe. Le seuil est une étape transitoire non seulement dans les faits mais aussi sur le plan symbolique : les esprits, les démons, empruntent ce passage, il convient d'y multiplier les obstacles.
Nous avons retrouvé le fer à cheval pendu au cou d'une colombe dressée face à l'écu sur un gaufrier daté 1789. Le fer reprenant là sa signification fétiche, talismanique. Il n'est pas rare de voir côte à côte le fer à cheval et les instruments de la Passion. Il faut voir là le symbole du forgeron naïvement mêlé à ceux du Christ.
Une croyance populaire répandue investit le fer à cheval d'un pouvoir magique comme les traces de sabots inscrits dans les pierres légendaires. Sa puissance bienfaisante est libérée à l'avantage de celui qui le trouve sur son chemin, à condition que le nombre des étampures soit rigoureusement limité à sept – chiffre impair, inhabituel pour un fer- et qu'il soit rencontré par hasard.
L'ornementation florale
Disons tout de suite que ce ne sont pas des fleurs des champs, mais des fleurs qui ont leur place dans l'ornementation historique : le lys, la rose, l'œillet, la tulipe.
Le lys héraldique, symbole de choix de l'être aimé et de l'abandon de la Providence.
La rose épanouie, rosace des cathédrales, fleur d'amour.
L'œillet, fleur d'Orient avec sa couronne de pétales finement dentelés ouverte en éventail.
La tulipe d'origine ottomane, avec son calice aux contours bombés, qui laisse clairement voir trois pétales pointus.
Le vase, la corbeille, la vasque aux rameaux fleuris et symétriques sont compris et utilisés comme décors des jours de fête ou comme perchoir aux oiseaux.
Une plante luxuriante peut assurer le partage d'une composition. Les rosettes à quatre, six ou huit pétales remplissent les champs. Les guirlandes servent à souligner ou à encadrer.
"L'histoire du gaufrier a été tirée du livre intitulé "Décor et symboles des gaufriers du Perche du XVe au XXe siècle" écrit par Bernard PREVOT"